Désirs d'avenir 86000 - Arnaud Fage

Publié le par Arnaud Fage

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Combattre et proposer

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Source : Désirs d'avenir

Précision sur le Concert de la Fraternité au Zénith


Chères amies, Chers amis,

Suite à quelques questions qui nous été posées, nous tenons à vous apporter les précisions suivantes.

L’entrée au Zénith est gratuite, dans la mesure où les artistes viennent par amitié pour Ségolène Royal.

Bien sûr, des dépenses conséquentes sont engagées pour assurer à cet événement toute la réussite que vous en attendez et nous souhaitons financer ce grand rassemblement de façon militante.

Vous pourrez ainsi participer aux frais en achetant des badges et des t-shirts sur place. Ou, dès maintenant, en nous envoyant vos dons à l’adresse suivante :

« La fraternité a son Zénith »
95, boulevard Raspail
75006 Paris
(Chèque à l’ordre de « Désirs d’avenir »)


Encore merci à tous ceux d’entre vous qui, par leurs dons, nous ont déjà permis d’engager les premières réservations.

L’équipe de Ségolène Royal

"Il y a une espèce d'incohérence, d'inertie, un égoïsme insupportable"


Jean-Jacques BOURDIN

Ségolène ROYAL, bonjour !

Ségolène ROYAL

Bonjour !

Jean-Jacques BOURDIN

Merci d’être avec nous ; je vais être direct pour ma première question comme d’habitude, est-ce que vous êtes toujours candidate au poste de premier secrétaire du Parti socialiste ?

Ségolène ROYAL

Ecoutez, j’étais hier soir à Roubaix, parce que je me déplace beaucoup à l’occasion de mon livre « Si la gauche veut des idées ». Il y avait ; je ne sais pas, 300 – 400 personnes que je rencontre individuellement. Sur le nombre de toutes ces personnes, il y a peut-être 3 ou 4 qui m’ont posé cette question. Et donc, je pense que j’ai eu raison de dire que cette question des candidatures, de guerre des chefs, de valse des ego, exaspéraient, fatiguaient les gens qui ont d’autres problèmes, et donc j’ai mis cette question de côté.

Jean-Jacques BOURDIN

Mais c’est une façon d’évacuer la question, si j’ai bien compris…

Ségolène ROYAL

C’est une question d’évacuer la question. Vous avez…

Jean-Jacques BOURDIN

Une façon, pardon, d’évacuer la question, Ségolène ROYAL…

Ségolène ROYAL

Absolument, j’évacue…

Jean-Jacques BOURDIN

D’évacuer la question !

Ségolène ROYAL

J’évacue la question parce que de quoi...

Jean-Jacques BOURDIN

Mais vous l’avez décidé quand ?

Ségolène ROYAL

De quoi m’ont-ils parlé, hier ? Ils m’ont parlé des hausses d’impôt…

Jean-Jacques BOURDIN

Ca, on va en parler !

Ségolène ROYAL

Ils m’ont parlé des franchises médicales, ils m’ont parlé de la crise financière américaine…

Jean-Jacques BOURDIN

Ca, on va en parler !

Ségolène ROYAL

Et de la peur qu’ils avaient que la France soit contaminée. Voilà de quoi ils m’ont parlé hier, les Français. Donc…

Jean-Jacques BOURDIN

Bon, on va en reparler de toutes ces questions-là. Je vous repose la question quand même, vous allez prendre une décision, à un moment donné ou à un autre !

Ségolène ROYAL

Mais aujourd’hui, je m’occupe…

Jean-Jacques BOURDIN

Sur cette question…

Ségolène ROYAL

Aujourd’hui, je m’occupe de ce que je viens de vous dire.

Jean-Jacques BOURDIN

Oui, non mais je suis bien d’accord, mais enfin, ça vous préoccupe, quand même, le PS !

Ségolène ROYAL

Non, ça ne me préoccupe pas !

Jean-Jacques BOURDIN

Non ? Le PS, non ?

Ségolène ROYAL

Le Parti socialiste me préoccupe, vous avez vu que je suis engagée, quand même, dans le Congrès, c’est-à-dire que…

Jean-Jacques BOURDIN

Oui, j’ai vu, oui…

Ségolène ROYAL

Je mets sur la table un certain nombre d’idées, en plus que je développe dans ce livre, écrit avec Alain TOURAINE, parce que je pense qu’il faut comprendre les défis du temps présent et les Français ont envie de comprendre, je vois bien, sur les questions qui me sont posées, « mais pourquoi ? », « qu’est-ce qu’il se passe ? », « dans quelle situation est la France ? », « pourquoi il n’y a plus de croissance ? », et aujourd’hui, ces débats-là ou cette pseudo connaissance-là est confisquée par un certain nombre de dirigeants qui n’ont pas compris que les Français veulent comprendre ce qui se passe, pour savoir si la politique a encore un sen…

Jean-Jacques BOURDIN

Donc vous vous mettez en marge de ce débat interne au Parti socialiste, si j’ai bien compris…

Ségolène ROYAL

Pas en marge, je suis au cœur de ce débat, parce que…

Jean-Jacques BOURDIN

Oui, mais vous ne serez pas un acteur du débat au moment décisif, si je comprends bien…

Ségolène ROYAL

Mais qu’est-ce que je viens de vous dire ? Tout le contraire.

Jean-Jacques BOURDIN

Bon…

Ségolène ROYAL

Et vous savez, hier, j’ai rencontré – il y avait d’ailleurs certains de vos confrères qui étaient là – un électeur de l’UMP qui me disait : « Mais où est le Parti socialiste ? » ; je dis : « Mais vous êtes électeur »…

Jean-Jacques BOURDIN

« Il est nul », dit LE NOUVEL OBSERVATEUR !

Ségolène ROYAL

« De l’UMP, pourquoi me posez-vous cette question ? », et il me répondait avec beaucoup de bon sens : « Mais parce qu’on a besoin des socialistes pour structurer le débat démocratique ! », et il me racontait qu’il travaillait 70 heures par semaine – tenez-vous bien – qu’il était payé 35 heures, qu’il ne voyait plus ses enfants. Alors je dis « Voyez, vous êtes le résultat du « travailler plus pour gagner plus ». Et il me disait : « Oui, c’est pour ça qu’on a besoin d’une opposition et qu’on a besoin de propositions ». Eh bien c’est ce que nous faisons et c’est ce que je fais avec l’équipe qui m’entoure et vous verrez, vous ne serez pas déçu.

Jean-Jacques BOURDIN

Donc, le poste de premier secrétaire, vous n’avez pas décidé, on attendra, si j’ai bien compris, pour résumer… On attendra encore quelques jours…

Ségolène ROYAL

On attendra le débat de fond. Ce que je veux…

Jean-Jacques BOURDIN

Vous attendez le débat de fond…

Ségolène ROYAL

Mais vous savez, j’ai une responsabilité particulière. Pourquoi j’ai une responsabilité particulière ? Parce que j’ai été candidate à l’élection présidentielle, que 17 millions de Français se sont reconnus dans les idées de la gauche, à ce moment-là, ou dans les idées démocrates que j’ai défendues. Et donc aujourd’hui, ma responsabilité, c’est de tirer vers le haut le débat. Aujourd’hui, le débat, il est tiré vers le bas. Il est tiré vers le bas par la droite, il est tiré vers le bas par les querelles de personnes au sein du Parti socialiste. Et donc ma responsabilité, c’était de desserrer cet étau, de montrer l’exemple, en disant « la question des personnes, ça n’est pas le problème, la question des personnes, c’est la reconstruction de la gauche ; la crédibilité et la visibilité des contre-propositions est la preuve qu’une autre politique est possible et que la France mérite mieux ».

Jean-Jacques BOURDIN

Bon, Ségolène ROYAL, on va finir avec le Parti socialiste, j’ai encore une ou deux questions, puis on va….

Ségolène ROYAL

Voilà, vous avez bien compris... (Rire)… Le message…

Jean-Jacques BOURDIN

Passer à autre chose… Oui, j’ai compris le message, mais Ségolène ROYAL, c’est peut-être aussi parce que vous n’avez pas totalement terminé vos conversations au sein même du PS pour essayer de réunir une majorité, que vous ne voulez pas vous prononcer sur le poste de premier secrétaire du Parti socialiste ! C’est peut-être ça, aussi, c’est peut-être un calcul politique, permettez-moi d’y penser…

Ségolène ROYAL

Non ! Non…

Jean-Jacques BOURDIN

Ce n’est pas un calcul ?

Ségolène ROYAL

Ce n’est pas un calcul politique, c’est une exigence sur la façon de faire de la politique. Je ne…

Jean-Jacques BOURDIN

Bon. Alors…

Ségolène ROYAL

Je n’ai pas défendu – attendez – je n’ai pas défendu pendant si longtemps  et je ne mets pas en œuvre dans la région que je préside, la démocratie participative, c’est-à-dire le respect des citoyens et donc, dans le Parti socialiste, le respect des militants socialistes, pour donner l’exemple du contraire ! Donc il y a une cohérence dans mon attitude.

Jean-Jacques BOURDIN

Bon. Alors Ségolène ROYAL, dernière question : est-ce que vous avez le sentiment d’avoir été trahi par François HOLLANDE ?

Ségolène ROYAL

Mais je vous ai dit à l’instant que vous n’aurez de moi aucun commentaire sur les personnes. D’ailleurs, si j’en faisais, si je répondais à votre question, il n’y a que ça qui serait repris de votre émission. Et moi, je ne veux pas de ça. Moi, je veux que l’on parle aujourd’hui de…

Jean-Jacques BOURDIN

Ca vous a fait mal ? Ca vous a fait mal de le voir à la tribune, avec Bertrand DELANOË ?

Ségolène ROYAL

Mais la question n’est pas là ! Ce qui me fait mal, c’est la dégradation de la situation économique dans le pays ! Ce qui me fait mal, c’est de voir des gens qui me disent : « Attendez, on a un salaire, on a même deux salaires, on n’arrive pas à se loger » ! Ce qui me fait mal, c’est la montée du nombre de travailleurs pauvres ! Ce qui me fait mal, c’est de découvrir que, dans les banques alimentaires, c’est-à-dire dans les Restos du cœur, il y a aujourd’hui 40 % de salariés qui vont chercher à manger dans les Restaurants du cœur. Ce qui me fait mal, c’est de voir des grandes surfaces qui n’ont jamais gagné autant d’argent et qui maintenant, proposent à la sortie des caisses des crédits – tenez-vous bien ! – des crédits pour que les gens puissent payer ce qu’il y a dans leur caddie ! Ce qui me fait mal, c’est qu’il y a des banques qui ont gagné plein d’argent, – plein de « pognon » pour dire les choses comme elles sont – avec des traders qui ont gagné plein de bonus, 90 milliards d’euros, les dirigeants des grandes banques, selon l’économiste Daniel COHEN, ce matin, et qui se sont répartis des bénéfices et que les moyens et les petits sont étranglés et basculent dans le surendettement parce que les banques les matraquent quand ils ont des petits découverts bancaires. Et moi, je dis que ce capitalisme financier-là n’a plus sa place et que la responsabilité des politiques, s’ils étaient moins mous, moins lâches, moins pris par les lobbies de toutes sortes, aurait la capacité…

Jean-Jacques BOURDIN

C’est vrai partout, ça ! A droite comme à gauche !

Ségolène ROYAL

C’est vrai partout, mais c’est vrai en France aujourd’hui ! Regardez, il y a une crise financière et que fait Nicolas SARKOZY ? Rien ! Il est là, les bras ballants, en train de nous faire des taxes sur le pique-nique ! Non mais attendez, où on est, là ? Il nous avait promis une baisse de 4 points de fiscalité pendant la campagne présidentielle, et aujourd’hui, il y a un impôt nouveau qui a été inventé tous les mois, notamment les franchises médicales, avec beaucoup de petits retraités qui n’arrivent pas à se faire soigner. Il avait promis l’augmentation de 25 % des petites retraites ; aujourd’hui, les petits retraités ne font plus qu’un repas par jour ! Mais où on est, là ? On est… Ce n’est pas possible que ça continue ! Donc c’est n’importe quoi ! Il y a une espèce d’incohérence, une inertie…

Jean-Jacques BOURDIN

Cette indignation que vous exprimez, c’est ce qui vous…

Ségolène ROYAL

Un égoïsme insupportable !

Jean-Jacques BOURDIN

C’est ce qui vous fait avancer, cette indignation, aujourd’hui, Ségolène ROYAL, là ? Plus que jamais ?

Ségolène ROYAL

Mais bien sûr, plus que jamais ! Parce que quand on a la chance et la responsabilité de diriger un pays comme la France, quand on a fait un certain nombre de promesses, on peut assumer s’être trompé sur un certain nombre de promesses, mais au moins, quand on est aux manettes d’un pays, qu’on a cette responsabilité-là et qu’on a un vrai pouvoir d’action, eh bien on le met en application. Parce que le monde va très vite ! Vous savez, chaque mois qui passe, où les décisions qui doivent être prises ne sont pas prises, c’est la France qui prend du retard. Et moi, quand je vois le potentiel des jeunes, hier il y a beaucoup de jeunes qui étaient là, qui étaient diplômés, Bac + 5, Bac + 6, Bac + 7, et qui sortaient en étant payés au SMIC et quand on voit ce potentiel des jeunes, c’est différent dans les autres pays, c’est différent dans l’Europe du Nord, c’est différent même dans le Royaume-Uni où les jeunes diplômés à la sortie de leur école, ont des salaires corrects, donc ils sont incités à travailler, à faire des efforts. Aujourd’hui, même l’effort scolaire et universitaire ne paie plus !

Jean-Jacques BOURDIN

Ségolène ROYAL, question concrète alors, justement, tiens, à propos de l’université, vous avez vu cette prime de 200 euros imaginées par Valérie PECRESSE, 200 euros par mois, aux étudiants méritants et notamment à ceux qui ont obtenu mention « Très bien » au Bac ? … C’est une prime qui va être versée…

Ségolène ROYAL

On en a assez des gadgets. Entre la médaille au chocolat promise par DARCOS, pendant que dans le même temps, il a fait des déclarations insupportables sur l’école maternelle, l’école maternelle, c’est un fleuron… Tout le monde entier nous envie l’école maternelle, il a osé dire qu’il fallait cesser de former les enseignants qui étaient là pour changer les couches des enfants. Je trouve que c’est insolent et c’est insultant. Vous savez, moi, j’ai été la ministre de l’Enseignement scolaire qui a fait la première instruction sur l’objectif de l’école maternelle. Juste un mot, quand on apprend à bien parler à l’école maternelle, il n’y a pas d’échec dans l’apprentissage de la lecture. Et les enfants qui ont fait une bonne école maternelle sont des enfants qui vont rentrer en 6ème en sachant lire, écrire et compter. Les chercheurs l’ont mis en suivant de près ce qu’ils appellent les cohortes d’élèves, eh bien il y a un trait direct entre la réussite dans l’apprentissage de la lecture et la qualité de l’apprentissage du langage, à l’école maternelle. Donc je demande à Xavier DARCOS de reprendre ses esprits et ce n’est pas parce qu’il est un grand agrégé qu’il faut qu’il méprise la petite école maternelle.

Jean-Jacques BOURDIN

Alors les étudiants méritants, donc, dont les parents ne sont pas imposables sur le revenu, qui toucheraient 200 euros parce qu’ils ont obtenu mention « Très bien » au Bac, c’est bien ou pas ? C’est une bonne idée ? C’est … La méritocratie, un peu, c’est…

Ségolène ROYAL

C’est un gadget et nous faisons déjà beaucoup plus dans les régions que nous présidons. Dans celle que je préside, tous les étudiants qui sont boursiers et même un peu au-dessus des bourses, parce que sinon, on voit des familles moyennes qui sont souvent rejetées de toutes les aides, reçoivent, quand ils prennent les carrières scientifiques – parce qu’il y a une grosse crise d’orientation vers les carrières scientifiques – je leur donne une bourse de 1.000 euros et un ordinateur gratuit, et je vois que les choix de l’orientation dans les carrières scientifiques augmentent. Donc, c’est autre chose qu’une prime, et pourquoi pas, c’est mieux que rien, mais est-ce au niveau d’une posture d’une ministre de l’Enseignement supérieur ? Alors qu’il y a une crise très profonde dans l’université et en particulier, qu’il y a 20 % d’étudiants qui sont en dessous du seuil de pauvreté et certains qui habitent dans des caravanes parce que l’Etat n’a pas rempli ses responsabilités pour le logement étudiant. Voilà la réalité.

Jean-Jacques BOURDIN

On va en parler. On va parler d’Edvige, Ségolène ROYAL. On va parler de l’Afghanistan, on va parler, tiens, de ces taxes écolo qui fleurissent de tous les côtés, enfin qui fleurissaient de tous les côtés, tout cela, dans deux minutes.

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Jean-Jacques BOURDIN

Ségolène ROYAL est notre invitée. Ségolène ROYAL, une question d’actualité. Edvige, le fichier Edvige, le texte sera réécrit. Vous applaudissez ?

Ségolène ROYAL

Il était temps, oui, de retirer ce texte, mais ce… Ce qui me frappe surtout – et je voudrais faire un petit salut amical à Michèle ALLIOT-MARIE – c’est la façon dont Nicolas SARKOZY lui fait porter le chapeau, de cette histoire. Qui peut imaginer que Nicolas SARKOZY et son directeur de cabinet, Claude GUEANT, qui était son directeur de cabinet au ministère de l’Intérieur lorsque l’on connaît comment est arbitré, dans la procédure de l’Etat, un décret, forcément, le représentant de l’Elysée est là ! Par l’intermédiaire du secrétariat général du gouvernement qui arbitre et qui écrit et qui finalise et qui valide les décrets, signés au nom du gouvernement. Donc qui peut imaginer que Nicolas SARKOZY n’était pas au courant, et je trouve particulièrement désolant de le voir faire porter la responsabilité à…

Jean-Jacques BOURDIN

C’est lâche, à vos yeux ?

Ségolène ROYAL

Oui, oui, c’est un manque de fair-play, je dirais, de façon un peu édulcorée. En tout cas, c’est

Jean-Jacques BOURDIN

Ca manque de fair-play…

Ségolène ROYAL

Oui…

Jean-Jacques BOURDIN

Et Jean-Louis BORLOO ? Est-ce qu’il avale son chapeau, son béret, lui aussi ? Sur la fiscalité écologique ? Est-ce qu’il fallait aller au bout de ce fameux bonus-malus sur d’autres produits, sur la fiscalité écologique ? Est-ce qu’il faut aller jusqu’au bout ? Vous défendez l’environnement, on le sait, Ségolène ROYAL…

Ségolène ROYAL

Oui, bien sûr !

Jean-Jacques BOURDIN

Est-ce qu’il faut aller au bout ? Est-ce que le gouvernement a tort de ne pas aller au bout de toutes les taxes écologiques ?

Ségolène ROYAL

Mais ce n’est pas aller jusqu’au bout des taxes qu’il faut aller, c’est aller jusqu’au bout d’un dispositif qui permet à l’industrie écologique de se développer. Et d’entrer…

Jean-Jacques BOURDIN

Vous avez applaudi au Grenelle de l’environnement ! Vous avez trouvé ça très bien !

Ségolène ROYAL

J’ai dit : « Je vais juger aux actes » ! Par rapport aux paroles, parce que beaucoup de paroles et pas beaucoup d’actes.

Jean-Jacques BOURDIN

Bon. En mettant en place le bonus-malus, on incite les Français à avoir un vrai bon comportement en matière d’environnement…

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http://www.desirsdavenir.org/

Ségolène Royal réagit à la crise financière


Bernard THOMASSON

Bonsoir, Ségolène ROYAL.

Ségolène ROYAL

Bonsoir.

Bernard THOMASSON

Nicolas SARKOZY a-t-il raison de prendre son temps, de prendre un peu de recul pour réagir face à la crise financière actuelle ? D'ailleurs, que peut-il faire ?

Ségolène ROYAL

Je pense, au contraire, qu'il y a urgence. Ce qui est quand même paradoxal, c'est qu'il y a quelque temps, on nous expliquait qu'on ne pouvait rien faire par rapport aux marchés financiers. Là, on voit le pays le plus libéral au monde, les Etats-Unis, décider de la nationalisation de deux banques et d'une assurance. Je me souviens, lorsqu'il y a eu le scandale de la SOCIETE GENERALE, où j'avais demandé que l'on examine la nationalisation de la SOCIETE GENERALE, tout le monde avait protesté, avait hurlé. Aujourd'hui, ces choses paraissent possibles. Donc, moi, je crois qu'il y a urgence. Pourquoi ? Parce que c'est aux pouvoirs publics d'intervenir pour que ce ne soit plus les banques qui, toutes seules, décident de la destination de leurs crédits. De quoi a-t-on besoin aujourd'hui en France ? On a besoin d'une banque nationale – je le dis très clairement – pour les petites et moyennes entreprises, qui, aujourd'hui, ont le plus de besoins financiers parce que ce sont elles qui innovent et qui créent des emplois et ce ne sont pas elles qui reçoivent les crédits bancaires. Deuxièmement, on a besoin d'une réglementation, la responsabilité politique est totalement engagée, on a besoin…

Bernard THOMASSON

Vraiment face à l'économie mondiale aujourd'hui, vous croyez que l'Etat peut intervenir de façon positive ?

Ségolène ROYAL

Bien sûr. Je vais vous donner un exemple très précis. Aujourd'hui, il y a des millions de familles en France qui sont surendettées parce que les banques prennent des pénalités bancaires qui vont jusqu'à 18 % quand il y a un découvert bancaire. Lorsqu'au milieu du mois ou à la fin du mois, on est en découvert bancaire, les banques prennent ces pénalités. Lorsque, le mois prochain, on reçoit son salaire et qu'on est en excédent bancaire, là, les comptes ne sont pas rémunérés. Donc, moi, ce que je demande, c'est que le responsable politique, qu'est le gouvernement, mette fin à ces abus de tarification bancaire et que, par exemple, très concrètement, on calcule les excédents et déficits bancaires sur la durée de l'année. On aurait ainsi des ménages beaucoup moins surendettés. Donc, vous voyez, deux propositions : une banque nationale pour prêter aux PME pour qu'elles puissent développer leurs activités, innover et créer des emplois ; deuxièmement, une réglementation très ferme sur les banques pour qu'elles cessent les abus des tarifications bancaires qui font basculer les ménages dans le surendettement.

Bernard THOMASSON

Est-ce que vous êtes favorable à la réduction des niches fiscales pour financer le RSA et est-ce que les socialistes doivent voter l'amendement PECRESSE… l'amendement, pardon… DAUBRESSE, qui va dans ce sens, député UMP ?

Ségolène ROYAL

Il y a aujourd'hui 73 milliards d'exonérations sur des dépenses spécifiques. Cela voudrait dire que si l'on supprimait une partie de ces niches fiscales, par exemple 20 milliards de niches fiscales, on pourrait baisser l'impôt de 1 000 euros pour 20 millions de contribuables. Voilà ce que ça veut dire.

Bernard THOMASSON

Donc, vous voterez l'amendement DAUBRESSE…

Ségolène ROYAL

Non. Pas en l'état. Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui, il y a une suppression des niches fiscales sans diminution des impôts pour tout le monde. Moi, je veux la suppression des niches fiscales, mais je veux que le gouvernement nous dise de combien les impôts vont baisser pour tous les Français.

Bernard THOMASSON

A propos de fiscalité, Jean-Louis BORLOO, qui doit voir demain Nicolas SARKOZY, a du mal à faire passer ses malus écolos. Vous qui avez été ministre de l'Environnement, vous le soutenez dans son bras de fer face à Bercy ?

Ségolène ROYAL

D'abord, je voudrais dire que c'est toujours difficile pour un ministre de l'Ecologie et de l'Environnement d'imposer d'autres façons de produire, d'autres façons de consommer, d'autres règles. Mais je pense en même temps que la protection de l'écologie ne doit pas être punitive. Une politique environnementale, ce n'est pas seulement une accumulation d'impôts. Quand on en vient à taxer les pique-niques, comme le propose le gouvernement actuel, je crois que là, on n'est pas dans une écologie sérieuse. Ce que je veux, c'est qu'il y ait des exonérations pour les entreprises, comme je le disais tout à l'heure, une banque qui serait nationale, qui serait spécialisée pour les PME et PMI très innovantes dans le domaine de l'environnement et de l'innovation et qui pourrait débloquer très rapidement des prêts pour que les entreprises aillent de l'avant sur habiter autrement, les nouveaux matériaux, les filières bois, l'éolien, le solaire…

Bernard THOMASSON

Donc, ce n'est pas aux particuliers à mettre la main au porte-monnaie une nouvelle fois, c'est ce que vous dites…

Ségolène ROYAL

Non, ce n'est pas aux particuliers de payer l'impôt. C'est aux pouvoirs publics d'encourager les prêts aux entreprises et l'innovation et le développement économique sur une filière, en plus, créatrice d'activités et d'emplois.

Bernard THOMASSON

Ségolène ROYAL, pour faire face à Nicolas SARKOZY, le PS a besoin de se rénover, d'être de plus en plus fort. François HOLLANDE soutient désormais officiellement Bertrand DELANOË. Le lui reprochez-vous ?

Ségolène ROYAL

Vous savez, je me suis imposée une règle, compte tenu de la dégradation du débat au Parti socialiste, de l'exaspération, non seulement des militants, mais des Français face à la guerre des chefs, aux opérations d'appareils, je ne veux plus aborder ces questions-là. Je pense que, honnêtement, toutes ces questions de répartition de pouvoirs ou d'ego doivent être reportées…

Bernard THOMASSON

C'est parce que vous sentez que ce duo, Bertrand DELANOË et François HOLLANDE, a des chances de l'emporter ? Vous avez peur de perdre ?

Ségolène ROYAL

Ce que j'ai peur, c'est de la dégradation du débat. Ce que je crains, c'est que les problèmes de fond ne soient pas débattus. Or, il y a aujourd'hui des problèmes à débattre. En particulier, regardez la question de l'école, ce qui vient d'être annoncé ou les déclarations, que monsieur DARCOS vient de faire, sont tout à fait déplacées. Le passage de la semaine scolaire à quatre jours, je pense que c'est un gros problème, c'est une grosse régression scolaire pour les enfants. Quand on…

Bernard THOMASSON

Donc, vous allez maintenir votre motion, vous allez maintenir votre volonté de proposer quelque chose ?

Ségolène ROYAL

Mais bien sûr. Parce que, justement, ce sont des idées qui sont mises au débat. En particulier, puisque nous parlions tout à l'heure de fiscalité, l'idée d'une vraie révolution fiscale qui consisterait à mettre en place le prélèvement à la source, c'est-à-dire à faire en sorte que chaque citoyen puisse connaître exactement le montant de ses impôts et percevoir désormais un salaire net d'impôts. Voilà, par exemple, une réforme qui est très importante et qui va dans la direction de la citoyenneté, c'est-à-dire de transparence et de justice sur la raison fiscale.

Bernard THOMASSON

Donc, votre motion, si elle arrive en tête, vous serez éventuellement candidate à être Premier secrétaire à ce moment-là, c'est un peu comme ça que vous voyez les choses…

Ségolène ROYAL

Non. Ce n'est pas comme ça que je vois les choses. Je vois les choses de la façon suivante. Le congrès du Parti socialiste va définir l'avenir du Parti socialiste. C'est-à-dire, oui ou non, est-ce qu'au cours de ce congrès, les militants socialistes vont faire le choix, d'abord, de la continuité des idées neuves qui se sont levées pendant la campagne présidentielle et auxquelles 17 millions de Français ont cru ? Oui ou non, les militants socialistes vont-ils choisir le renouvellement des équipes à la tête du Parti socialiste ? Oui ou non, les militants du Parti socialiste vont-ils choisir l'avenir contre les méthodes du passé ? Oui ou non, les militants du Parti socialiste vont-ils permettre aux Français de croire à une alternance future ? Est-ce que le Parti socialiste va donner, à nouveau, envie d'attirer vers lui de nombreux adhérents et de nombreux sympathisants ? Voilà quel est l'enjeu et je serai là, puisque je suis…

Bernard THOMASSON

Même si c'est Bertrand DELANOË qui devient Premier secrétaire, vous continuerez à être là, présente avec le PS…

Ségolène ROYAL

Je serai là pendant et je serai là après, dans une démarche participative. Puisque la motion que je dépose est la seule qui a été élaborée avec plusieurs milliers de contributeurs.

Bernard THOMASSON

Merci, Ségolène ROYAL

Source : Désirs d'avenir

 

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