Désirs d'avenir 86000 Poitiers - Arnaud Fage
Un an et demi après sa défaite à la présidentielle française, Ségolène Royal, dont le projet a remporté vendredi le vote des militants socialistes, a retrouvé une légitimité pour diriger le PS.
Contre toute attente, le projet de centre-gauche de Mme Royal a obtenu vendredi le plus de voix (29%) des quelque 130.000 militants appelés à voter, devant celles des maires de Paris Bertrand Delanoë et de Lille Martine Aubry (environ 25% chacun), ses principaux rivaux dans la lutte pour le leadership socialiste.
A quelques jours du congrès de Reims (du 14 au 16 novembre), dans l'est de la France, cette victoire place Mme Royal en position de force pour briguer la succession de François Hollande, son ancien compagnon, à la tête du parti.
Sans être un "triomphe" comparée à la primaire pour la présidentielle de 2007, cette victoire redonne à Mme Royal une "légitimité contre le vieux PS", estimait le quotidien Le Monde.
Mais sitôt les résultats connus, les luttes intestines qui minent le PS ont repris au grand jour, avec l'annonce tonitruante du départ de deux de ses membres, dont le sénateur Jean-Luc Mélenchon, figure de l'aile gauche du parti, qui a annoncé son intention de créer un nouveau mouvement "sans concession face à la droite".
M. Mélenchon était partisan du projet de Benoît Hamon, le quadragénaire qui monte au sein du PS et a réalisé un bon score de 19%.
L'actuel patron du PS, François Hollande, qui soutenait la motion de Bertrand Delanoë, a pour sa part immédiatement prévenu que le score de son ex-compagne "ne lui permettait pas d'être majoritaire dans le Parti socialiste".
Il a appelé les quatre principaux courants à "chercher ensemble les voies d'un rassemblement", et a prévu "des jours difficiles" pour le PS si une majorité ne se dégageait pas.
Favori de la consultation, le maire de Paris Bertrand Delanoë, en apparaît désormais comme le plus grand perdant et devrait renoncer à la course à la direction du parti. Il a rejeté par avance la stratégie de Mme Royal, favorable à une alliance avec les centristes, manoeuvre qu'elle avait déjà tentée entre les deux tours de la présidentielle.
Les partisans de Martine Aubry ont évoqué "un coup de tonnerre sur l'appareil du parti" après les résultats, et Benoît Hamon de son côté a maintenu sa candidature pour le poste de Premier secrétaire du PS.
"Il va falloir que le vote soit respecté", a répliqué Ségolène Royal, en estimant que le vote "lui donnait une légitimité" pour diriger le PS. Mais elle a précisé qu'elle ne faisait pas acte de candidature pour l'instant, et s'est posée en rassembleuse, soignant son image de proximité à l'égard des militants et de distance vis-à-vis de l'appareil.
Reconnaissant que sa majorité était relative, elle a indiqué qu'elle téléphonerait dès vendredi à ses principaux rivaux, pour entamer des discussions "avec tout le monde, sans exclusive", et notamment avec Benoît Hamon.
Lors du Congrès de Reims, les différents courants du PS devront tenter de faire une synthèse pour désigner leur leader, qui sera formellement élu par les militants le 20 novembre. Un front anti-Royal est-il envisgeable au risque d'aggraver la césure entre l'appareil du PS et ses militants?
Quel qu'il soit, le successeur de François Hollande aura la lourde tâche de redresser une formation qui a essuyé trois défaites successives à la présidentielle depuis 1995, dans la perspective de celle de 2012.
Source : AFP
A propos des supers profits de Total
Ségolène Royal exige la baisse du prix de l'essence. Elle voit dans les supers profits de Total la confirmation que la baisse du prix du pétrole brut n'a pas été répercutée à la pompe.
Total vient de déclarer une augmentation de 35 % de son bénéfice net pour le troisième trimestre 2008 (soit 4,1 milliard d'euros). Elle est bien partie pour réaliser en 2008 le plus gros profit jamais enregistré par une entreprise française.
Ségolène Royal demande donc au gouvernement de prélever ces supers profits pour sauver les entreprises en difficulté, pour développer les énergies renouvelables.
Obama : un extraordinaire message d'espoir
Communiqué de Ségolène Royal :
" L’élection de Barack Obama est un extraordinaire message d’espoir. C’est un changement d’époque car le monde vient de franchir un nouveau cap.
Je forme le vœu que l’Amérique métissée fasse du même coup progresser partout la fraternité mondiale.
Trois chantiers doivent désormais avancer en partenariat avec l’Europe. Premièrement, résoudre la crise sociale et financière en changeant les règles du jeu, deuxièmement, agir pour la paix, troisièmement, lutter contre le réchauffement planétaire."
Source : Désirs d'avenir
Discours de Ségolène Royal à Montpellier
Mes chers amis,
Comme je le disais dans la lettre aux militants, faire la société plus humaine, c’est la tâche immense des socialistes et de la gauche. Le PS est au service de cet idéal. Qu’est ce qu’un parti s’il n’est pas déjà, au moins en partie, le symbole de cette société meilleure à laquelle aspirent les hommes et les femmes qui le composent et pour l’édification de laquelle ils se sont rassemblés ?
Nous devons imaginer un Parti meilleur que la société qu’il critique et contre laquelle il prétend lutter.
Le Parti socialiste doit être exemplaire, parce que plus enthousiaste, plus aventureux, plus audacieux, plus généreux, plus hospitalier, plus sincère et, en son sein, plus fraternel que la société qu’il prétend transformer.
Nous devons imaginer un Parti qui ne se contente pas de répéter à tout bout de champ que les citoyens doivent être respectés. Qui oserait ouvertement prétendre le contraire, même parmi ceux qui ne leur prêtent jamais une oreille et encore moins la parole.
Non, il ne suffit pas de dire cela, ni même de penser cela. Il faut exiger que les citoyens soient mis dans la confidence politique. Les citoyens doivent être capables de déchiffrer les différentes stratégies, d’en discerner les raisons obscures et inavouables et donc de les déjouer ou, au contraire, d’en apprécier le patient courage et donc de les soutenir.
Or quel meilleur outil pour accomplir cela qu’un parti minutieusement, scrupuleusement précis dans l’expression et intellectuellement incorruptible dans la recherche de la vérité la plus complexe ou la plus désagréable à découvrir. C’est le sens de notre projet, avec par exemple une université populaire permanente.
Les salariés, les catégories populaires et moyennes, sont les premières victimes de la crise et de la récession. Le quotidien sous la présidence de Nicolas Sarkozy s’avère bien pire que tout ce que l’on pouvait imaginer. Le gouvernement vole au secours des nantis de la finance après avoir ignorés les besoins des populations en détresse, et voilà qu’il se met insidieusement à élever l’âge limite de départ en retraite à 70 ans.
Alors qui défendra les salariés, les territoires, qui portera un nouveau modèle de croissance écologique, une nouvelle répartition des richesses ? Qui fera tout ça si le Parti socialiste ne le fait pas ?
Cela signifie que notre parti doit changer profondément, se renouveler et se rassembler. Nos propositions, nous les avons faites sans polémique avec toutes celles et ceux qui ont dirigé le parti jusqu’à présent, et qui ont fait de leur mieux, souvent dans des circonstances difficiles.
Si le PS doit changer, ce n’est pas par rapport à une critique du présent ou du passé, mais d’abord parce que le monde change. Parce que le libéralisme échoue. Parce que nous n’avons jamais eu autant besoin de politique. Et de politique à gauche.
Aujourd’hui plus que jamais la gauche a besoin du Parti socialiste et du socialisme pour lutter contre les désordres fous de la finance et de l’économie.
Je dis bien socialisme et pas social-démocratie. La socia-démocratie a été opérationnelle à un moment donné de l’histoire. Mais comment ne pas constater qu’elle a été tenue en échec dans plusieurs pays européens ? Pourquoi ? Parce qu’il faut un Etat préventif qui change les rapports de force et non pas, comme la social démocratie, un Etat secouriste qui ne remet pas en cause le système.
J’entends vanter les vertus en 2008 du modèle social démocrate. Mais c’est un modèle périmé. C’est un nouveau modèle qu’il faut inventer. Ce nouveau modèle, c’est une idée neuve, c’est le socialisme du XXIème siècle. C’est prendre appui sur les leviers économique, social et environnemental et changer, dans la façon même de produire, le rapport entre le capital, le travail et la nature. Distribuer après coup ne suffit plus.
Un grand parti porteur d’espoir, démocratique et décentralisé
Nous devons faire du Parti socialiste le grand parti démocratique, populaire et de mobilisation sociale dont la France a besoin. Un parti avec une équipe dirigeante qui incarne une espérance, un souffle, une envie de se mettre en mouvement.
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Source : Désirs d'avenir
Lettre aux militants
Chers toutes et tous,
Mais non ! Ce vote est très important, historique même, et vous avez une responsabilité essentielle. N’oublions jamais que dans de nombreux pays des hommes et des femmes risquent leur vie pour créer des partis libres. Nous qui avons la chance de pouvoir agir, faisons-le, et je vous appelle à participer très nombreux à ce vote.
Car même si les Français ne comprennent pas toujours nos procédures, ce vote du Congrès va dire ce que l’avenir de la gauche sera.
Oui ou non, voulons-nous écrire une nouvelle page de notre histoire, vibrante et populaire ?
Oui ou non, notre parti va-t-il enfin bouger ?
Oui ou non, la nouvelle génération que nous poussons en avant va-t-elle pouvoir prendre ses responsabilités ?
Oui ou non, le peuple que j’ai vu tellement présent et attentif au cours de ces derniers mois, va-t-il venir vers nous parce que nous saurons lui redonner de l'espoir ?
L'histoire nous enseigne que les civilisations sont mortelles. Pourquoi en serait-il autrement pour un parti ? Comme l'ont dit les femmes salariées de la Camif, les ouvriers de Ford et bien d’autres : « Le PS peut disparaître s'il s'éloigne du peuple. »
Même si ces mots nous secouent, il faut les entendre. Alors secouons-nous. Ne retournons pas à la case départ. Choisissons l’avenir. Donnons-nous un temps d’avance.
Nous n’avons pas le droit d’être faibles ou de disparaître au moment où la France a besoin de nous. N’oublions jamais la confiance que dix-sept millions de Français ont placée en nous, et pensons aussi à toutes celles et ceux cruellement déçus par une droite dont l’insolence le dispute à l’incompétence.
Aujourd’hui l’Amérique métissée assume son histoire. Et nous? Pourquoi renoncer à tendre la main à la France métissée qui a tant cru en nous et ne demande qu’à revenir vers nous ? N’y renonçons pas. Nous le ferons.
Imaginons que les Français, grâce à nous, se ré-intéressent à la politique.
Imaginons qu’on leur donne, nous socialistes, les clefs pour comprendre le monde et donc peser sur les choix de société.
Imaginons que nous apportions au mouvement social notre énergie pour inverser les rapports de force entre le capital et le travail.
Imaginons un parti dans lequel le coût de l’adhésion, désormais très modique, permettrait à la jeunesse, aux employés, aux ouvriers, aux petits retraités, de venir nous rejoindre.
Il faut oser un parti tellement uni et où les militants sont tellement respectés que lorsqu’ils désignent un ou une candidate, tous les autres font campagne pour la victoire. C’est possible, comme viennent de le montrer les forces qui se sont rangées autour de Barack Obama.
Il faut oser tout transformer pour mieux atteindre notre objectif. Quel est cet objectif ? Humaniser le monde. Agir pour que les valeurs humaines s’imposent toujours sur le cynisme financier. Un bout de changement ne suffira pas. Les tumultes actuels le prouvent.
Deux millions d’Italiens se sont levés contre Silvio Berlusconi et sa politique de destruction de l’éducation publique et laïque.
Je vous assure que nous sommes capables d’en faire autant. A condition de le vouloir.
Jeudi 6 novembre, vous pouvez le faire : votez pour une transformation radicale, sereine et utile.
Cette transformation que la droite redoute. Mais une transformation que les Français, notamment ceux qui souffrent, attendent de nous, parfois désespérément.
Oui, nous le voulons ! Oui, nous le pouvons ! En avant !
Fidèlement,
Amitiés socialistes,
Ségolène